L'association recherche les moyens pour déployer un projet de grande envergure afin de couvrir les besoins vitaux des sinistrés. L'urgence est à la prévention du choléra, la distribution de vivres et de matériaux de construction.
Suite à la tempête, la situation en Haïti est extrêmement préoccupante. Certains villages sont toujours coupés du monde, l'habitat a été fortement endommagé, les cas de choléra se multiplient et la nourriture va manquer pour plus d'un million d'Haïtiens dans les mois à venir suite à la destruction des récoltes.
Handicap International met tout en œuvre pour venir en aide aux Haïtiens, qui ont été gravement frappés par l'ouragan Sandy le 24 octobre. Intervenue dans les 24h qui ont suivi le passage de l'ouragan, l'association a déjà déployé un programme d'urgence pour répondre aux besoins de première nécessité. Mais elle a besoin de plus de moyens pour amplifier sa réponse à l'urgence, distribuer des kits d'urgence et du chlore afin de prévenir le choléra, qui représente un risque majeur pour la population.
Handicap International doit au plus vite intensifier son dispositif
Dans les zones les plus touchées par la tempête, Handicap International a déjà distribué des aides de première nécessité : kit d'hygiène, kits cuisine, jerrycans, couvertures, pastilles de chlore pour traiter l'eau... à près de 2 800 familles affectées. «Les Haïtiens ont beaucoup perdu. Plus de 18 000 maisons ont été endommagées. Sans foyer, des familles entières sont hébergées dans des abris provisoires, dans des conditions très précaires», commente Marlène Dussauge, chef de projet du projet Mécanisme de réponse rapide à l'urgence en Haïti. « Les routes ont été détruites et certains villages sont complètement isolés du reste du monde. Même à pied, il est presque impossible de les atteindre. Parfois, on doit acheminer l'aide par la mer.»
Handicap International a pu réagir immédiatement grâce à son projet Mécanisme de réponse rapide à l'urgence, mis en place en août 2011 et soutenu par l'Unicef. « Dans la première phase du projet, nous avons identifié les communes vulnérables dans les départements du Sud-est, Ouest et dans le département des Nippes. Il s'agit de zones régulièrement touchées par des catastrophes naturelles, où peu d'acteurs interviennent, car elles sont difficilement accessibles en cas de pluie qui transforment les routes en rivières », explique Marlène. « Dans ces zones, nous avons identifié des partenaires locaux, comme des associations locales ou les membres de la Protection civile. Nous avons formé et responsabilisé certains membres de leurs équipes pour réagir en cas de catastrophe naturelle : comment distribuer des biens, monter des tentes, veiller à l'hygiène... et, en particulier, prendre en compte les personnes les plus vulnérables, comme les personnes handicapées, dans les dispositifs d'aide et de distribution d'urgence. Un réseau d'alerte a donc été constitué : dans chacune des communes concernées, nous avons un contact régulier avec un interlocuteur privilégié avec lequel nous avons anticipé et préparé ce type de scénario. Cette personne est apte à réagir immédiatement en cas d'urgence.»
Le choléra, un risque à enrayer d'urgence
324 nouveaux cas de choléra ont été recensés depuis Sandy et 22 centres de santé ont été détruits en Haïti. La tempête a favorisé l'extension de l'épidémie dans des zones très peu accessibles du sud du pays, qui n'étaient pas touchées jusqu'alors. Dans ces zones rurales reculées, où n'existent aucun service médical et aucune infrastructure de traitement du choléra, vivent les populations les plus pauvres du pays. Alors qu'elles ignorent tout de la maladie, elles n'ont pas accès aux campagnes de prévention, ce qui accentue le risque de contamination.
« Nos équipes distribuent des produits de première nécessité, comme du savon et des pastilles de chlore pour traiter l'eau dans les communes les plus sinistrées. C'est essentiel, mais ce n'est pas suffisant face à un tel risque.»
« La situation alimentaire risque de s'aggraver »
« Si le choléra nous inquiète particulièrement, la situation alimentaire risque de s'aggraver. » complète Marlène. « Le bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires (OCHA) estime que près de 1,2 million de personnes risquent de ne plus rien avoir à manger dans les mois à venir. Fin août déjà, la tempête Isaac avait entraîné des destructions des récoltes, ce qui a fait augmenter les prix et progresser l'insécurité alimentaire de façon alarmante. Avec cette nouvelle tempête tropicale, 70% des récoltes dans le Sud de l'île ont été détruites et de lourdes pertes de bétail ont été signalées. De sérieux risques de malnutrition sont à craindre. Handicap International, qui dispose sur place d'un dispositif de distribution d'aide de grande ampleur, apportera son soutien aux organisations actives dans le secteur de la sécurité alimentaire. »
« Pour l'heure, tout en gérant la distribution de kits d'urgence, Handicap International poursuit les évaluations auprès des Haïtiens sinistrés et fait du lobbying auprès des autorités locales », conclut Marlène. « Malheureusement, très peu de moyens financiers sont actuellement mobilisés par la Communauté internationale sur cette situation d'urgence, qui malgré sa gravité, a été très peu médiatisée. Nous recherchons donc des fonds pour lancer un projet de plus grande ampleur et compléter ainsi les actions en cours. Ce projet aurait trois axes fondamentaux pour les familles dévastées: la prévention du choléra, la distribution de matériaux de construction et la distribution de vivres. »
Avec des financements supplémentaires, Handicap International pourrait apporter une aide à 5000 familles, soit 25 000 personnes.
*Source : ECHO (Office Humanitaire des Communautés Européennes)
